Chacun sait que c'est dans la foule qu'un fuyard sera le plus en sécurité mais Emmanuel Grand a son idée : l'un des réfugiés va aller vers l'océan et trouver un travail de pêcheur sur une île peu peuplée ( inventée par l'auteur) où les locaux se méfient des étrangers, surtout quand ils viennent piquer le boulot des indigènes. Pas tellement encourageant, tout ça, mais le roman noir n'est il pas le lieu où les héros agissent parfois en dépit du bon sens?
Sur cette terre isolée du continent par un beau bras de mer, un meurtre étrange sera commis, évoquant des légendes locales encore bien présentes dans l'esprit des habitants.
Malgré ce que j'ai pu laisser penser, l'histoire s'installe assez bien et on apprend à connaître les personnages qui sont dépeints sans trop d'exagération et je me suis surpris à reconnaitre quelques tempéraments rencontrés dans ces lieux où la dureté de gagner sa croûte et l'incertitude qui règne sur les lendemains tendent à exacerber les rancunes, les sentiments, les décisions malheureuses. Le danger peut venir de l'enquête qui pourrait s'avérer fatale pour la liberté de notre immigrant. le risque est bien plus grand quand on sait que la mafia des passeurs a détaché un de ses truands dénués de tendresse, aidé par un spécialiste de la traque sur internet. Quelques apparitions peuvent même faire craindre à un virage vers le fantastique, une solution parfois utilisée par des créateurs peu scrupuleux pour corser artificiellement un scénario qui s'oriente mal.
Mais Emmanuel Grand tient bien son histoire et toute la deuxième partie est très plaisante même si le lecteur peut décider d'accélérer parfois le rythme pour en savoir davantage plus rapidement. Car on a envie de savoir comment tout va finalement se terminer et chaque mystère trouver sa solution.
En dernier mot, je dirai qu'il semble s'agir d'un premier roman : je ne peux que féliciter l'auteur pour ce polar bien français mais pas franchouillard qui fait passer un bon moment avec ces personnages qui n'auraient jamais dû se rencontrer.
citation : […] Il y avait à Belz de nombreuses maisons touchées par le malheur. Un malheur qui prenait toujours, quelle qu’en soit la forme, la couleur de l’eau. L’eau trouble, l’eau noir, l’eau déchaînée et hurlante contre ces hommes qui avaient le vœu de la braver chaque jour que Dieu fait pour nourrir leurs familles et gagner leur vie. Et ce corps à corps incessant des hommes contre la mer dans lequel elle remportait un nombre incalculable de victoires faisait partie de la vie d’une île comme Belz. Chaque maison pleurait un père, un fils, un cousin … Et quand elle ne le pleurait pas, c’était qu’elle ne le pleurait pas encore.
en librairie : 19euros
en bibliothèques de prêt (Ville de Paris)
- Broché: 368 pages
- Editeur : LIANA LEVI (9 janvier 2014)
- Collection : Policiers
- Langue : Français
- ISBN-13: 978-2867467066
- 19 euros
- http://www.babelio.com/livres/Grand-Terminus-Belz/537804
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